- Titre :
- BIOACTUALITÉS, N° 1/24 - Bulletin N° 1/24
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 02/02/2024
- Année de publication :
- 2024
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements
L’arbre, véritable clef de la résilience en agriculture
Claire BERBAIN, Auteur
L’agroforesterie se développe en Suisse, atteignant aujourd’hui 500 à 600 ha, et concerne de multiples systèmes : céréales sous feuillus, lignées précieuses, pâturage et haies fourragères, etc. Mareike Jäger (Silvo Cultura) et Johanna Schoop (Agridea) expliquent les intérêts de l’arbre, validés par les scientifiques et par les agriculteurs : lutte contre l’érosion, pompe à eau, diversification des revenus, etc. Cependant, l'agroforesterie n’est pas encore suffisamment soutenue politiquement, les aides financières suisses visant uniquement les arbres fruitiers, mais pas les chênes, tilleuls et autres feuillus. Joshua Schelb (à Bonvillars VD) possède 19 ha de cultures en agroforesterie en bio (1200 arbres), avec une diversité de cultures (seigle, épeautre, quinoa, etc.) et d’essences d'arbres (noyers, châtaigniers, pruniers, etc.). L’entretien des bandes herbeuses est fait avec un broyeur et un rotomulcheur ; les racines poussent en profondeur grâce au passage d’une dent sous-soleuse. Il conseille de planter progressivement les arbres, à cause du temps passé à arroser les jeunes plants. Jean-Yves Billaud (à Orzens VD) cultive 12 ha en agroforesterie non-bio (300 arbres). Des essences fourragères (mûriers, sorbiers, tilleuls, etc.) sont plantées autour des prairies permanentes et, en grandes cultures, des essences forestières et fruitières (poiriers, néfliers, érables, etc.) sont implantées. L'agriculteur utilise un GPS pour faciliter l’entretien de ses parcelles, et des bougies poreuses pour l’irrigation. Matthias Schär (à Brittnau AG) produit des noisettes bio sur 1,3 ha. Pour lutter contre le balanin de la noisette, dont la larve hiberne dans le sol, il a investi dans un poulailler mobile qui permet à ses pondeuses de parcourir le verger. Cette pratique diminue légèrement le nombre d’œufs pondus, mais assainit et fertilise le sol, augmente le bien-être et la santé des poules et diminue les besoins en aliments concentrés.
Inoculer le sol pour plus de rendement
Eva FÖLLER, Auteur
En Suisse, le FiBL étudie l’inoculation de champignons mycorhiziens dans le sol des grandes cultures. De la poudre de champignon a été incorporée, avant semis, sur 54 champs de maïs. Une augmentation de rendement significative a été observée sur 1/4 des parcelles. Selon Stéphanie Lutz, chercheuse à Agroscope, l’inoculation est pertinente lorsque le sol contient beaucoup de champignons pathogènes, la mycorhize jouant un rôle protecteur pour la racine. Dans la pratique, le coût de l’inoculation reste élevé, d’où l’importance de vérifier la pertinence de cette méthode grâce à une analyse de la qualité du sol.
Au sein du GIREB, les agriculteurs bio prennent leur destin en main
Claire BERBAIN, Auteur
En Suisse, le GIREB (Groupe Indépendant de Recherche et d'Expertise Bio) regroupe, aujourd’hui, 7 agriculteurs vaudois bio en grandes cultures. L'objectif est de développer et de promouvoir l’agriculture biologique de conservation, pour une agriculture durable, autonome et respectueuse de l’environnement. Les membres du collectif mettent en commun leurs expériences et innovations. Pour financer les prises de risques expérimentales, le groupe s’appuie sur des financements extérieurs, notamment issus de Bio Vaud. Un exemple de système innovant testé par le groupe : l’association soja-maïs. Le soja couvre le sol, apporte de l’azote et produit 3 à 4 t de matière sèche ; la production de maïs atteint 85% du rendement témoin, mais sans apport d’intrants azotés.
Traire des chèvres qui n’ont pas mis bas
Claire BERBAIN, Auteur
Le FiBL France étudie l’induction de la lactation des chèvres dans le cadre du projet Gentle Dairy (2023-25). Les chèvres pourraient être capables de produire du lait après avoir été taries et sans nouvelle naissance. La reprise possible de la lactation serait fonction de la race, de la multiparité, de la présence de chevreaux dans le troupeau et de la longueur du jour. Le projet prévoit également de doser régulièrement deux hormones de la lactation, la prolactine et le cortisol. Les avantages de cette induction de la lactation sont multiples : diminuer le nombre de naissances (les chevreaux n’étant pas rentables) pour une même production de lait, éviter les réformes prématurées, etc. Cette méthode permet aussi de reposer la mamelle, comparativement à la méthode de lactation longue. Le projet est financé à 75% par la fondation Quatre Pattes, qui y voit un moyen d’améliorer le bien-être des chèvres.
Comment on parle avec des bovins
Eva FÖLLER, Auteur
La méthode Low Stress Stockmanship (LSS) a été inventée par Bud Williams (US). Il s’agit d’une méthode de communication avec le troupeau bovin, basée sur la collaboration avec l’animal. L’éleveur doit être attentif aux comportements et aux besoins des bovins pour mettre en place une relation de confiance et de respect. Cette méthode permet de diminuer le stress de l’animal, et aussi celui de l’éleveur. En Suisse, Philippe Wenz anime des formations à la LSS. Il conseille notamment d’éviter de crier, et de communiquer avec le troupeau en priorité avec l'attitude corporelle et la position par rapport aux bovins. Par exemple, marcher en zig-zag derrière le troupeau le fait avancer, alors que marcher sur le côté du troupeau le fera ralentir.