- Titre :
- LE TAUPIN DU MARAÎCHER, N° 34 - Décembre 2023 - Bulletin N° 34
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/12/2023
- Année de publication :
- 2023
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements
Irrigation : S’engager pour le partage de l’eau ; Récupérer l’eau : la pluie coule dans les gouttières
Corentin CNUDDE, Auteur ;
Axel DUSSER, Auteur ;
Jérémy BELLANGER, Auteur
Face à l’augmentation des sècheresses et aux crises de partage de l’eau, le GABBAnjou a proposé, en janvier 2023, une formation « S’approprier le langage de l’eau ». Elle a permis, à un groupe de maraîcher.ères, d’intégrer les enjeux de la gestion territoriale de l’eau, grâce aux interventions de Marie Mézière-Fortin, hydrobiologiste, et de Florence Denier-Pasquier, juriste. Ce groupe a, ensuite, participé aux discussions sur l’arrêté préfectoral cadre sécheresse de juin 2023, afin de défendre la priorisation de la production alimentaire dans le partage de l’eau. Plusieurs instances structurent la gestion territoriale de l’eau, telles que les commissions locales de l’eau (CLE) et les PTGE (projets de territoire pour la gestion de l’eau). Ces instances peuvent amener à la création d’un organisme unique de gestion collective (OUGC), un outil structurant le partage de l’eau, que les agriculteur.ices doivent appréhender. Autre sujet, récupérer l’eau de pluie est un moyen de diversifier ses ressources en eau. Il n’y a pas de déclaration nécessaire pour un système de récupération sur toiture par exemple, a contrario des bassins et des cuves qui sont soumis à des démarches. Pour récupérer l’eau de pluie, il est possible d'installer des gouttières en hauteur sur un tunnel, mais avec peu de garanties sur leur solidité face aux tempêtes ; les gouttières peuvent être posées au sol pour plus de solidité, mais avec moins d’eau récupérée ; on peut aussi mettre en place un drain, particulièrement efficace entre deux tunnels parallèles. L’eau récupérée doit être décantée avant stockage, pour retirer les sédiments, les feuilles, etc.
Apprendre à se préserver : l’enjeu de l’ergonomie au sein des fermes
Juliette DERIAN, Auteur
En maraîchage, la pénibilité du travail est un enjeu majeur. Le sujet a été enquêté par le GAB56. Physiquement, les activités les plus pénibles sont la pose des toiles et des bâches, les charges lourdes, la répétition des postures et le travail en météo extrême. Le désherbage, le port de charges régulier, les grosses récoltes, etc. sont cités comme moyennement pénibles. Mentalement, des situations stressantes, telles que le travail en collectif, en AMAP, la météo, les maladies, ainsi que les nombreuses charges mentales (engagements, multiactivités, gestion de l’entreprise, etc.) augmentent la pénibilité. Investir dans de l’équipement participe à diminuer la pénibilité physique. Le GAEC du Bio Légume utilise, par exemple, une dérouleuse à bâches manuelle et une autre attelée pour la pose de plastique. Pour le transport des charges, on pourra utiliser des sacs de récolte, des chariots, des brouettes électriques et des tracteurs. Pour améliorer la posture, certains maraîcher.ères utilisent des ballons de basket ou des poufs afin d’éviter d’être à genoux trop longtemps. De plus, le GAB56 propose une routine d’échauffement, adaptée au maraîchage. L’aménagement des bâtiments est aussi primordial pour une manutention facilitée. La MSA Portes de Bretagne a rédigé, à ce sujet, un livret d’aide à la décision. Au niveau de la pénibilité mentale, différents outils de planification et de gestion comptable diminuent la charge mentale ; rejoindre un collectif ou participer à des journées de rencontre entre agriculteur.ices permet de trouver du soutien et du recul auprès de collègues.
Tout savoir pour un bon plan plants
Manu BUÉ, Auteur
En maraîchage bio, le poste « semences et plants » pèse lourd dans les charges, en moyenne de 4000 à 5000 €/ha, soit 60 à 80% des charges opérationnelles. Produire ses propres plants peut être envisagé, mais en prenant en compte d’autres contraintes : nécessité d'investir économiquement et dans du temps de travail et, surtout, de maîtriser techniquement le procédé, au risque de plomber sa saison si les plants sont ratés. Quelques conseils sont fournis pour l’itinéraire des plants à chaud (tomate, poivron, aubergine, etc.) : le milieu doit être chaud dès le départ (20°C) et l’arrosage doit être effectué le matin et par bassinage. En sortie de pépinière, on pourra renforcer ces plants en les stockant en zone fraîche et venteuse. Pour optimiser la croissance de ces plants, la température de nuit doit être plus fraîche (13°C la nuit vs 20°C le jour, pour la tomate) ; et la durée du jour doit être de 16h, d’où l’utilisation possible d’éclairage lorsque le semis est hivernal. Pour les plants à froid (choux, courges ou poireaux), on peut utiliser des plaques ou semer directement en pleine terre. Le coût de production de 10 000 plants de choux (pour un ha) est calculé, comprenant 1028 € d’achat de semences (15 000 graines) et 285 € de main d’œuvre (19 h à 15 €/h), soit un total estimé à 1313 €/ha. Des conseils spécifiques pour la production de plants de poireaux sont donnés, considérée comme plus difficile que les courges ou les choux.
Le paillage plastique en bio : une fatalité ?
Maëla PEDEN, Auteur
Selon 9 diagnostics Dialecte réalisés en Bretagne en 2021-22, l’usage moyen de plastique dans ces fermes maraîchères bio est de 37,7 kg/an, variant de 2 à 100 kg/an. Pour les fermes équipées de serres avec tunnels, 50% du plastique consommé provient de l’entretien des bâches du tunnel ; les autres usages majeurs sont le paillage plastique, les toiles tissées et les filets de protection. Sur la ferme Court-circuit (56), le binage mécanique des interrangs d’oignon supprime le besoin de paillage plastique avec, pour cela, un large écartement mis en place (75 cm). Au final, le rendement à l’hectare est de 70% de celui d’un champ avec écartement de 32 cm, mais pour un temps de travail moindre. Sur la ferme Bio Légume (56), la culture des courges est précédée d’un broyage de l’engrais vert et de passages successifs de vibroculteur pour effectuer des faux semis. Ensuite, les courges sont plantées à 1 m et en rangs écartés de 1 m, permettant deux passages de bineuse, les 2ème et 4ème semaines après la plantation. Le binage accélère la pousse de la courge, dont l’ombrage va ensuite limiter l’enherbement. Deux passages à la main seront quand même nécessaires, mais qui sont jugés moins pénibles et moins chronophages que la gestion des bords de planches et que la manutention du paillage plastique.
Quelles variétés pour optimiser les petits pois de plein champ ?
Caroline LE BRIS, Auteur
Plusieurs essais variétaux de petits pois en plein champ, bio ou non traités, ont été menés sur deux fermes maraîchères, en région Centre-Val de Loire, en 2022 et 2023. Neuf variétés de petits pois (3 demi-rames et 6 naines) ont été testées, plantées en mottes sur bâche plastique ou semées en poquets sur toile tissée. Se développant avec une semaine d’avance, les variétés les plus précoces sont Karina, Maestro, Sommerwood et First Early May. Allsun, Buddy et Rondo sont les variétés avec le plus haut rendement cumulé (de 3,2 à 4,2 kg/m de planche sur la ferme, pour les semis en poquets, en 2023). Pour optimiser le temps de récolte, il faudra choisir les variétés avec les gousses les plus lourdes, Rondo pour les demi-rames (5,8 à 8,8 g/gousse) ou Buddy en naine (4,8 à 8,1 g/gousse). Au niveau gustatif, Allsun, Buddy et Rondo sont les plus appréciées. La conduite des petits pois en palissage (avec des variétés demi-rames) demande plus de temps à l’installation, mais permet de gagner un peu de temps au désherbage, par rapport aux variétés naines.