- Titre :
- LE TAUPIN DU MARAÎCHER, N° 35 - Avril 2024 - Bulletin N° 35
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/04/2024
- Année de publication :
- 2024
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements
Quels mini-asperseurs choisir sur sa ferme ? Retour d’essai sur carotte
Jérémy BELLANGER, Auteur
L’utilisation de mini-asperseurs, sur des petites surfaces en maraîchage, offre un bon compromis entre arrosage efficace et mise en place facile. Quatre modèles ont été testés et comparés, durant l’été 2023, sur une culture de carottes. Le modèle Meganet, 200 l/h, de Netafim, et le modèle Mamkad 16, 201 l/h, de Naandanjain, ont montré des caractéristiques très similaires : débit d’environ 200 l/h sur un rayon d’arrosage respectivement de 6,5 et 7 m, une pluviométrie peu homogène sur le rayon d’aspersion mais peu sensible au vent, et une bonne robustesse du matériel, pour un prix unitaire de 8,11 € et 8,20 €. L’arroseur LFX 600, 242 l/h, de Rain Bird, présente des caractéristiques similaires, sauf l’aspersion qui est plus homogène ; son prix unitaire plus bas (5,15 €) s’explique notamment par sa fragilité importante. La tuyère d’arrosage 5 cm avec buse réglable 18 VAN, de Rain Bird, présente un débit beaucoup plus important, 1210 l/h, pour un rayon d’arrosage de 5,5 m ; la spécificité de ce modèle est la possibilité de régler son angle d’arrosage de 20° à 360° ; l’aspersion est bien homogène sur tout le rayon, mais est très sensible au vent.
Contre les coups de chaud estivaux : le voile d’ombrage
Amandine DEBOISSE, Auteur
L’augmentation, en fréquence et en intensité, des périodes de canicules et de forte chaleur en été, liée au changement climatique, impose des adaptations pour protéger les cultures. L’usage de filets d’ombrage, ou de filets climatiques, est une solution envisageable (aussi nommés voiles d’ombrage et voiles climatiques). Les cultures les plus sensibles sont les salades, le fenouil, les choux... La plantation est la période la plus sensible pour ces cultures. Les filets d’ombrage et climatiques sont des voiles semi-opaques, qui vont limiter le rayonnement reçu par les cultures : de l’ordre de -10% pour un filet climatique, entre -20 et -70 % pour un filet d’ombrage. Les filets climatiques sont conseillés pour les choux ; les filets d’ombrage, à 50%, sont conseillés pour les salades, fenouils, épinards, etc. Les filets peuvent être placés directement sur la culture, en monoplanche (1,50 à 1,80 m) ou en grandes largeurs ; dans le cas des filets d’ombrage, leur température peut fortement augmenter, ils doivent donc être disposés sur des arceaux pour ne pas brûler les cultures par contact. Les filets peuvent également être tendus au-dessus de bâches de serre. A noter que les filets anti-insectes n’ont pas du tout la même fonction : leur maillage très fin, qui protège des insectes, limite l’aération et a tendance à augmenter la température sous le filet ; à l’inverse, le maillage des filets d’ombrage et climatiques est assez large pour aérer, ce qui empêche uniquement les plus gros insectes (mouches et lépidoptères) de passer.
Des couverts végétaux pâturés en maraîchage biologique
Amandine GATINEAU, Auteur ;
Julien GRANDGUILLOT, Auteur
Vincent Favreau, maraîcher bio dans le Maine-et-Loire, explique sa stratégie de fertilisation des sols, basée principalement sur les engrais verts et le pâturage. La ferme comporte 2 ha de plein champ et 0,5 ha de serre, pour 2 UTH. La rotation de plein champ dure trois ans, répartie sur trois parcelles de 0,7 ha. L’année 1 est une culture d’été (oignon, cucurbitacée, salade, haricot, etc.), l’année 2 est une culture d’hiver (carotte, poireau, chou, etc.) et l’année 3 est un engrais vert d’été ou d’automne (sorgho). Après chaque récolte, une interculture est semée : trèfle incarnat ou méteil, qui sera pâturé par des brebis au printemps suivant, juste avant la mise en place de la culture suivante. Les engrais verts et les apports de fumier par les brebis sont complétés uniquement par deux apports par rotation de fumier équin local. Vincent conseille de bien anticiper la période et la méthode de destruction des couverts : il occulte son couvert sous bâche pour une culture implantée en mai, à cause du sol non ressuyé ; a contrario, il utilise un rotavator, après broyage, pour scalper le couvert si le sol est bien ressuyé. Globalement, Vincent veille à limiter le risque de tassement du sol. Le pâturage, sorgho et méteil, est effectué en partenariat avec des éleveurs voisins : une vingtaine de brebis pâturent sur des parcelles d’environ 400 m², pendant quelques jours, avant de changer de parcelle. Il faut cependant être vigilant avec le jeune sorgho, qui est toxique et qui doit être pâturé seulement après le stade 60 cm. Le risque de météorisation, chez les brebis, est limité par la diversité du méteil, qui permet un bon équilibre C/N de la ration.
Vendre mieux en circuit court : c’est possible ?
Amélie VIAN, Auteur
Mettre en place une stratégie de commercialisation demande une réflexion et une ingénierie spécifiques, notamment en circuit court. Une première étape consiste à identifier sa clientèle, en se basant sur des statistiques démographiques locales (INSEE, par exemple) et sur des tendances de consommation (IRI, etc.). La stratégie de commercialisation sera ainsi adaptée au public cible : légumes en kits (soupe, ratatouille, etc.) pour les consommateurs pressés, horaires adaptés pour les familles, communication soignée pour les personnes soucieuses de l’environnement ou de leur santé, etc. Au niveau du prix des produits, il faut établir un prix juste, qui rémunère correctement l’ensemble du travail, en plus de rembourser les charges, le renouvellement du bâti, etc. En plus de ne pas rémunérer dignement le travail, un prix trop bas pourrait faire douter certains clients. Par ailleurs, des prix en hausse pourraient être compensés par des services supplémentaires recherchés par la clientèle : conseils de recettes, visites de fermes, vente en ligne, etc. A long terme, questionner et faire évoluer sa stratégie de commercialisation régulièrement semble nécessaire, afin qu’elle reste adaptée aux évolutions de la ferme et des marchés. Sandra Vallon, maraîchère bio dans la Sarthe, témoigne. Sa stratégie de commercialisation a radicalement évolué en quelques années. Pour cela, elle s’est à la fois basée sur son expérience personnelle, sur les retours d’expériences de ses clients fidèles et sur des échanges avec des maraîchers voisins pour optimiser ses ventes et son temps de travail alloué à la vente.
Périnée : en prendre soin pour ne pas y penser
Eva CARRIÇO, Auteur
D’après une statistique présentée par le Parlement européen, 70 % des agricultrices seraient touchées par une descente d’organes à un moment de leur vie (descente de la vessie, de l’utérus ou du rectum dans le vagin). Ce trouble survient en cas de dysfonctionnement du périnée, le muscle qui soutient ces organes (vessie, rectum, vagin et utérus). Pascaline Martineau, kinésithérapeute, explique que le port régulier de charges lourdes participe à fragiliser le périnée, d’où un risque accru en maraîchage. Travailler sur sa posture et sur la mobilisation de muscles spécifiques (abdominaux transverses) limite le risque. En cas de douleur ou de gêne, les femmes doivent consulter au plus tôt un professionnel de santé (kinésithérapeute, sage-femme). Pascaline conseille également de rééduquer son périnée systématiquement après une grossesse.
La litière forestière fermentée : une préparation au service de l’autonomie
Frédéric JOUIN, Auteur
La lifofer, litière forestière fermentée, est une préparation utilisée pour ses qualités de fertilisation du sol et de protection contre certains pathogènes, grâce à l’action de micro-organismes efficaces. Elle a été développée par l’association Terre et Humanisme (T&H). La lifofer coûte peu cher et est facile à fabriquer : elle est composée de litière forestière locale, de son de blé, de petit lait, de mélasse (ou sucre) et d’eau. Le mélange fermente en anaérobie pendant 2 ans, avant d’être dilué pour être épandu. Le coût de production est situé entre 2,00 et 2,50 €/l, pour un usage de 30 l/ha. Des essais menés sur légumes et fraises dans le Sud-Est français ont montré une amélioration générale des caractéristiques des cultures : précocité de fructification, vigueur de la plante, qualité du produit, etc. D’autres essais ont été menés par le Carrefour agroécologique de l’Ouest, en Loire-Atlantique, sur une culture de haricots verts. La lifofer a significativement augmenté les rendements, tandis que le biofertilisant témoin (fermentation de bouse) a davantage augmenté la biomasse produite. Les impacts réels et les modes d’action de la lifofer demandent encore à être clarifiés.