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Expérimentation : Quels itinéraires pour optimiser sa culture de jeunes pousses de salade et moutarde ?
Caroline LE BRIS, AuteurLa production de mesclun, mélange de jeunes pousses de 5 à 10 espèces différentes, notamment de salades, est assez peu documentée. Les maraîchers qui en produisent manquent de références, d'autant plus que leurs pratiques sont relativement hétérogènes. Lors des hivers 2020/2021 et 2021/2022, Bio Centre a mis en place et suivi des essais chez un maraîcher de l'Indre. L'objectif était notamment de comparer trois modes d'implantation : le semis direct, la plantation en mottes classiques et la plantation en minimottes ; et ce, pour trois espèces de base des mescluns : la moutarde Rouge Metis, la salade type feuille de chêne Sadawi et la salade type multifeuille Haflex. Les principales observations, rapportées dans cet article, concernent les rendements, l'état sanitaire des cultures et leur rentabilité (en prenant en compte les charges opérationnelles et de main-duvre). Globalement, malgré de moindres charges, les conduites en semis direct sont moins rentables du fait de rendements inférieurs. Stéphane Leblanc, qui a accueilli cet essai sur son exploitation, apporte son regard sur cette expérimentation.
Les extraits végétaux : un outil d'avenir pour les grandes cultures bio
Julie GRIGNION, Auteur ; Romane MONDOR, AuteurLes extraits végétaux (tisanes, huiles essentielles, extraits fermentés, etc.) sont des préparations à base de plantes utilisées depuis longtemps par les agriculteurs. Il existe aujourd'hui une réglementation qui vient encadrer leurs usages. Les méthodes de préparation des extraits végétaux sont très diverses, selon le type de végétal utilisé (feuille ou écorce, frais ou sec...) et selon les usages recherchés (insecticides, fongicides, stimulateurs de défenses naturelles, engrais...). Dans le cadre du GIEE Transition Zéro Phytos, Bio 63 accompagne des essais sur des parcelles d'orge et de blé, où ont été épandus des extraits végétaux prêts à l'emploi. Henri Meeuwessen, agriculteur bio à Saint-Germain-Lembron (63), a testé, pour la première année, l'application d'extraits végétaux sur ses parcelles de blé. Il partage son ressenti.
Faire pâturer les couverts plutôt que les broyer
Laurence SAGOT, AuteurLe pâturage de couverts végétaux par des brebis en lieu et place du broyage a été expérimenté sur quatre exploitations céréalières. Les résultats obtenus sont globalement concluants, avec des économies en matière de mécanisation et pas de conséquences négatives observées sur la culture suivante.
Fermentation Bokashi : pour plus de carbone dans les sols et moins dans l'atmosphère
Vincent VIGIER, AuteurDeux éleveurs de l'Aveyron et du Cantal ont testé, en 2021, la fermentation Bokashi. Il s'agit d'ensemencer la litière des animaux avec du "Microferm® EM", un mélange de bactéries, levures et champignons. Si les effets sur le troupeau en lui-même sont encore mal connus à ce jour, la fermentation du fumier issu de cette litière, appelée fermentation Bokashi et qui doit se dérouler en condition anaérobie et donc sous une bâche, présente plusieurs avantages : moins de perte de masse et donc d'éléments organiques (carbone et azote), moins de lessivage de minéraux, pas de dégagement de gaz à effet de serre. Par ailleurs, les agriculteurs bénéficient d'une meilleure facilité de curage et de reprise du fumier et une meilleure digestion du fumier par la prairie est constatée. Cet apport de micro-organismes spécifiques peut aussi être réalisé dans du lisier ou sur des déchets verts.
Fertilisation des prairies : Effluents délevage en pole position
Frédéric RIPOCHE, AuteurLa ferme expérimentale des Bordes, située dans lIndre, mène des essais, depuis 2018, sur la fertilisation des prairies temporaires (PT) et des prairies permanentes (PP). Cette ferme possède un système conventionnel et, depuis 1998, un système bio. Ce dernier est constitué de 23 mères limousines et de 64 ha, dont 30 ha de PP et 20 ha de PT qui rentrent en rotation avec des mélanges de pois-féverole-triticale. Un objectif dautonomie en matière de fertilisation des prairies est recherché avec le fumier des bovins bio. Jusquen 2016, les parcelles étaient fertilisées tous les quatre ans, à raison de 8 tonnes de fumier par hectare et par an. Mais, la fertilité des sols sest dégradée, avec une forte diminution des taux de phosphore et de potasse. Ces deux éléments sont utiles au développement des légumineuses, qui sont, par conséquent, moins présentes dans les prairies de la ferme expérimentale des Bordes (les graminées ont pris le dessus). Depuis 2016, des fientes de volailles et du lisier de porcs sont achetés pour compenser ces manques. Des essais de fertilisation plus larges ont également débuté en 2018. Ils ont permis de tester une dizaine dapports. Le fumier de bovin composté, à raison de 12 t/ha est, a priori, la modalité qui ressort le mieux. Les fientes ont également donné de bons résultats, mais elles sont coûteuses et très demandées. Leur composition oblige également à les enfouir.
Des formes fruitières adaptées aux filets - Verger de pêcher bio : trois points clés de réussite
Adrien LASNIER, Auteur ; Yannick MONTROGNON, AuteurLes formes traditionnellement utilisées en vergers de pêchers sont peu adaptées à l'installation de filets para-grêle. Afin de proposer des solutions aux arboriculteurs, des essais sont menés sur la plateforme TAB (techniques alternatives et biologiques) par la Sefra, dans la Drôme. Deux premiers vergers, en agriculture biologique, ont été implantés en 2019. Le premier, conduit en axe et planté en très haute densité, n'est pas satisfaisant, les arbres vieillissant mal malgré une entrée en production rapide. Le deuxième, conduit en simple Y oblique, est plus prometteur. Un troisième verger test, toujours en bio, a été implanté en 2021 en forme palissée en biaxe 4 m x 2 m. Toujours dans l'optique d'accompagner les arboriculteurs, la Sefra a édité une fiche sur trois points-clés de la culture de pêchers biologiques : le désherbage, l'irrigation et la fertilisation.
En fruits et légumes frais : Trouver des solutions sans plastique
Marion COISNE, AuteurLe loi Agec du 10 février 2020 (n°2020-105 article 77) interdit, sauf dérogations, de vendre des fruits et légumes frais non transformés dans des conditionnements plastiques pour des volumes inférieurs à 1,5 kg. Cette loi a de forts impacts sur les fruits et légumes bio vendus en GMS, car beaucoup dentre eux sont emballés (selon le projet Analyse de loffre du CTIFL, 87,8 % des fruits bio sont préemballés dans les supermarchés de 400 à 2 500 m2). Les emballages issus de la pétrochimie sont donc bannis, tout comme les matériaux biosourcés modifiés chimiquement (ex : lamidon de maïs modifié chimiquement). Les papiers ajourés, les papiers associés avec des fibres de cellulose, les barquettes en bois thermocollé ou agrafé, les cartons ajourés, etc. sont, en revanche, conformes à cette nouvelle réglementation. Pour évaluer les performances de différents emballages, le CTIFL a fait des essais, de 2019 à 2021, sur des fraises vendues en barquettes. La barquette ouverte (barquette seule) entraîne des pertes par déshydratation, mais peu de pourriture. La barquette recouverte dun film plastique entraîne leffet inverse : peu de perte de poids par déshydratation, mais plus de pourriture. Entre les deux, les différents matériaux biosourcés séchelonnent, avec des performances différentes selon que l'on considère la perte de poids ou la pourriture des fraises. Le bois peut entraîner plus de meurtrissures, car il est abrasif.
Gestion du cavaillon : Adapter ses stratégies, tester les innovations
Robin EUVRARD, AuteurLa gestion de lherbe sur le cavaillon est une problématique importante en bio. Les viticulteurs ont longtemps utilisé une combinaison doutils de type décavaillonneuse et de lames interceps qui laissent le cavaillon très propre. Mais, aujourdhui, ils se tournent davantage vers des équipements plus rapides permettant de travailler lensemble du parcellaire du fait de fenêtres météo restreintes. Dautres viticulteurs ne font plus de travail du sol sur le cavaillon et gèrent lenherbement par des tondeuses à fil rotatif, voire à lames. Des essais sont également menés pour étudier lintérêt de déplacer la couverture herbacée vers le cavaillon, en conservant la possibilité de travailler linter-rang. Le cavaillon nest plus travaillé dans ce cas et il reste couvert, soit avec un enherbement spontané (conseillé au départ), soit avec un semis. Cependant, cette approche reste aussi à adapter en fonction des conditions pédoclimatiques Dautres essais sont également menés à lIFV et au FiBL sur de nouvelles alternatives (désherbage électrique ). Enfin, Romain Malidain, viticulteur produisant du Muscadet, témoigne sur ses pratiques et sur leurs évolutions.
Glu, application du pyrèthre en soirée De nouvelles pistes pour maîtriser la cicadelle de la flavescence dorée
Frédérique ROSE, AuteurDepuis plusieurs années, Sudvinbio cherche des solutions utilisables en agriculture biologique pour lutter contre la cicadelle de la flavescence dorée. Létude du cycle de développement et du comportement de ce ravageur a montré que les larves de cicadelle montent et descendent sur le tronc de la vigne au début de leur vie. En 2021, Sudvinbio a testé des bandes de glu, qui entourent les ceps, pour intercepter les larves lors de leur migration sur le tronc. Lessai est très convaincant, mais cette technique demeure, pour linstant, chronophage et fatigante au moment de linstallation. Sudvinbio a également cherché à optimiser les traitements au pyrèthre naturel, en jouant sur la qualité de la pulvérisation et le moment de la journée où est réalisé le traitement. Des essais effectués également en 2021 ont montré que les traitements réalisés le soir étaient 25 % plus efficaces que ceux effectués le matin. Des essais en laboratoire ont permis danalyser la cinétique de dégradation du pyrèthre. Cette cinétique est la même le matin que le soir : la différence defficacité nest donc pas expliquée par la photosensibilité du produit. Cette différence pourrait donc plutôt dépendre du ravageur : est-ce que la sensibilité de la cicadelle au traitement augmenterait le soir ?
Grandes cultures : Fertiliser dans un contexte tendu : S'adapter en privilégiant l'autonomie ; Quelles alternatives en engrais du commerce ? ; Les engrais perlés végétaux : très controversés ; "Mieux intégrer la disponibilité de l'azote pendant la rotation"
Jean-Martial POUPEAU, AuteurCe dossier, consacré à la fertilisation en grandes cultures bio, comporte 4 articles : - Fertiliser dans un contexte tendu : S'adapter en privilégiant l'autonomie : Les fortes tensions sur les volumes et les prix des fertilisants utilisés en grandes cultures bio remettent en cause les pratiques de fertilisation en vigueur. Pour s'adapter, un nombre croissant de praticiens misent sur l'autonomie ; - Fertiliser dans un contexte tendu : Quelles alternatives en engrais du commerce ? ; - Fertiliser dans un contexte tendu : Les engrais perlés végétaux : très controversés : Depuis 2019, un nouveau type de fertilisant a été introduit en France : les EPV - engrais perlés végétaux -, qualifiés par certains de "billes noires". Ils sont sujets à controverse. Qu'en est-il aujourd'hui ? ; - Fertiliser dans un contexte tendu : "Mieux intégrer la disponibilité de l'azote pendant la rotation" : Gilles Salitot, ingénieur méthodes et références en bio à la Chambre d'agriculture de l'Oise, interpelle sur les stratégies à adopter pour adapter la fertilisation au contexte actuel.
Impacts agronomiques du pâturage de couverts végétaux et de céréales dhiver par des ovins
V. VERRET, Auteur ; E. EMONET, Auteur ; F. LEVAVASSEUR, AuteurLes systèmes céréaliers peuvent fournir des biomasses importantes valorisables directement par le pâturage. Les intérêts du pâturage de surfaces céréalières par des brebis sont bien connus par les éleveurs, mais les effets sur les cultures le sont moins. A travers un dispositif expérimental mis en place chez des agriculteurs du Bassin parisien, cette étude, menée par un collectif d'acteurs de la recherche, a analysé les impacts agronomiques du pâturage de couverts végétaux et de céréales dhiver par des ovins. Les résultats montrent que, dans les champs étudiés, le pâturage des couverts dinterculture nest pas pénalisant pour la culture suivante. Par rapport à un couvert dinterculture broyé, labondance de limaces a été réduite de 60 % après pâturage, et la disponibilité en azote minéral du sol augmente, en moyenne, de 6 kg N/ha au moment du semis de la culture suivante (culture de printemps). La structure du sol et le stockage de carbone sont, en revanche, très légèrement dégradés. Les céréales pâturées en début de tallage montrent un gain de rendement de 4,8 q/ha.
Implanter des bandes fleuries sous serre pour lutter contre les pucerons
Benoît VOELTZEL, AuteurLes pucerons causent de nombreux dégâts sur les cultures de solanacées et de cucurbitacées. Favoriser la biodiversité fonctionnelle, et donc la présence d'auxiliaires de culture, est une des voies de lutte mobilisables en agriculture biologique. La Chambre interdépartementale d'agriculture Charente-Maritime Deux-Sévres a conduit des essais, sur aubergine et sur poivron, en 2019 et 2020, puis sur tomate en 2021 : la mise en place de bandes fleuries sous serre peut-elle significativement réduire la présence de pucerons en attirant leurs prédateurs naturels que sont les syrphes, les chrysopes et les coccinelles ? Les résultats obtenus sont présentés dans ce bulletin, avec notamment une bonne efficacité de la technique en 2021.
Inviter la nature en grandes cultures
Mélissa DUMAS, AuteurDepuis une vingtaine dannées, Stéphane Mainsant travaille, avec ses associés et avec le Civam Oasis, sur la réintroduction de la biodiversité « sauvage » dans son système en grandes cultures. Naturaliste de formation, il est revenu sinstaller sur la ferme familiale, située dans les plaines céréalières de Champagne-Ardennes, avec son père, en conventionnel. Ils ont alors rapidement signé un CTE pour créer des corridors écologiques, en mettant en place des bandes enherbées. Avec dautres agriculteurs de la région, en partenariat avec des associations naturalistes, ils ont aussi monté un projet (Arc-en-ciel) pour essayer de comprendre et dévaluer les effets de ces bandes enherbées. Ce projet a permis de constater que certaines espèces de plantes sauvages revenaient au bout de 3-4 ans, ce qui ramenait aussi des insectes. Très vite, ils ont constaté que des interactions entre les zones cultivées et les zones non cultivées se créaient. Par exemple, les syrphes (auxiliaires) ont besoin de bandes enherbées pour se reproduire, mais ils vont pondre leurs ufs dans les grandes cultures, où se trouve le garde-manger (pucerons) de leurs larves. Dautres questions se sont ensuite posées : Quelles espèces sauvages sont intéressantes pour les cultures ? Comment les favoriser dans les bandes enherbées ? Cest à partir de ces réflexions que le Civam Oasis est né. Par souci de cohérence (arrêter dutiliser des insecticides), Stéphane Mainsant et ses associés sont également passés en bio.
Irrigation : Des solutions pour éviter les coups de pompe
William PARMÉ, Auteur ; Olivier LE FERREC, AuteurEn Ille-et-Vilaine, un groupe de maraîchers s'est réuni pour analyser la situation climatique, s'intéressant plus particulièrement à l'évolution de la répartition des pluies au cours de l'année. En effet, malgré son image de région humide, la Bretagne est de plus en plus marquée par le manque d'eau, avec une forte pluviométrie en période de repos de la végétation et une faible pluviométrie quand les besoins en eau sont maximums. Face à ce défi, Agrobio35 a lancé le projet ECOEAULEG (ECOnomie d'EAU en LEGumes), avec pour objectif de réaliser un diagnostic des pratiques d'irrigation de 16 maraîchers bio et de réaliser des essais sur trois fermes maraîchères, pendant la saison 2021. Cet article traite des résultats des enquêtes réalisées sur les pratiques d'irrigation, ainsi que les premiers retours sur l'un des essais.
Un jour avec Alain Hardy, directeur de lexploitation agricole de La Cazotte
Johanne CHABANET, AuteurAlain Hardy est directeur de lexploitation du Lycée agricole de La Cazotte. Cette exploitation est composée de 240 ha, dont 95 en bio, de 500 brebis Lacaune à la traite (en conventionnel), de 150 brebis Lacaune destinées à la production de viande (en bio), de 23 génisses Aubrac (en bio) et de 20 poneys New Forest. Alain Hardy supervise lensemble des activités de lexploitation, de la gestion des troupeaux et des cultures au suivi des expérimentations en cours, tout en passant par lencadrement dapprenants et de stagiaires. Cet article raconte une journée type, heure par heure, pour ce chef dexploitation.