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Lagriculture biologique malmenée : 10 mythes sur la bio à déconstruire
Claude AUBERT, Coordinateur ; Christine MAYER-MUSTIN, Auteur ; Michel MUSTIN, Auteur ; Denis LAIRON, Auteur | [S.l.] : A COMPTE D'AUTEURS - CLAUDE AUBERT | 2023Dans un contexte de crise de lagriculture biologique, avec notamment une baisse de la consommation de produits bio, ce document revient sur la situation actuelle de critiques répétées et de contrevérités émises sur ce mode d'agriculture, alors que des travaux de recherche de plus en plus nombreux en démontrent les avantages et les services rendus, aussi bien en termes de santé, de limitation des émissions de gaz à effet de serre ou de préservation de lenvironnement. Ainsi, en sappuyant sur les résultats de plus dune centaine darticles, détudes ou de synthèses scientifiques, les auteurs apportent des réponses étayées démontrant linexactitude de 10 affirmations largement relayées : les aliments bio ne sont pas meilleurs pour la santé que les autres ; les résidus de pesticides dans les aliments sont sans risques pour notre santé ; lagriculture bio nest pas meilleure pour lenvironnement que la conventionnelle ; lagriculture bio réchauffe autant la planète que la conventionnelle ; lagriculture bio ne peut pas nourrir la planète ; manger bio coûte cher ; on ne peut pas se passer des engrais chimiques ; on ne peut pas se passer des pesticides de synthèse ; lagriculture bio remplace les pesticides de synthèse par dautres pesticides ; le local cest mieux que le bio. Ainsi, pour les auteurs, lAB reste lalternative la plus cohérente face à une agriculture conventionnelle qui, loin de répondre à tous les besoins alimentaires de la population mondiale, est à lorigine dimportants impacts négatifs sur lenvironnement, la santé et contribue aussi fortement au changement climatique. A charge des pouvoirs publics, en sappuyant sur les apports de la recherche, de mieux promouvoir la bio, aussi bien auprès des consommateurs que du monde agricole. Le cahier des charges bio doit aussi évoluer pour une meilleure prise en compte de certains enjeux majeurs, dont le bien-être animal ou la justice sociale, et pour faire que lAB reste une « agriculture agroécologique au service des citoyens du monde et de notre unique planète. »
Une agriculture intégrant pleinement les fourrages pour reconnecter culture et élevage, améliorer la circularité et favoriser les services écosystémiques
A. FRANZLUEBBERS, Auteur ; G. MARTIN, AuteurL'agriculture a connu des changements technologiques et culturels majeurs au cours du siècle dernier. Pour certains, les derniers ont eu des effets bénéfiques avec des gains de productivité, une réduction des besoins en main-d'uvre et une diminution de l'insécurité alimentaire. Cependant, le développement d'exploitations agricoles de plus en plus spécialisées et la déconnexion induite entre culture et élevage a également eu des conséquences négatives qui se sont traduites par : 1 - le déclin de la biodiversité ; 2 - la dégradation des eaux souterraines et de surface par des polluants agrochimiques ; 3 - la dégradation de la qualité des sols ; 4 - des émissions élevées de gaz à effet de serre provenant à la fois de systèmes de culture spécialisés très dépendants d'intrants et de systèmes délevage intensifs qui concentrent les rejets deffluents ; 5 - un manque d'intégrité écologique entre les composantes de ces systèmes spécialisés. Les systèmes agricoles diversifiés utilisant des fourrages annuels et pérennes offrent la possibilité d'accroître les synergies écologiques entre les systèmes de culture et d'élevage. Les systèmes en polyculture-élevage peuvent boucler le cycle des nutriments, réguler naturellement les adventices, les insectes et les maladies, et partager les ressources selon une logique dagroécosystème circulaire. Dans les exploitations spécialisées en grandes cultures, les couverts végétaux pourraient être utilisés comme des fourrages annuels pâturés, en mettant en place des mécanismes incitatifs adaptés. Par ailleurs, les fourrages plus pérennes, en rotation avec les cultures, ont une pertinence historique et sont une pratique éprouvée pour conserver les nutriments, améliorer la santé des sols et conserver, voire renforcer, la biodiversité. La transformation de l'agriculture par lintégration culture-fourrage-élevage pourrait considérablement améliorer sa durabilité, ainsi que son intégrité écologique.
C'Durable ? : Transparence maximale dans les pratiques agricoles
Dominique PARIZEL, Auteur ; Julie VAN DAMME, AuteurC'Durable ? est un nouveau score, mis en place par la Région Wallonne (Belgique), permettant d'évaluer les performances agri-environnementales des fermes d'élevage. Il s'appuie sur quatre indicateurs : - l'impact climatique de la ferme (dégagement de gaz à effet de serre, consommation d'énergie...) ; - son rôle en termes de sauvegarde de la biodiversité ; - le bien-être animal ; - l'importance socio-économique de son action (bien-être au travail, équité dans les prix, rentabilité, pérennité du projet...). Cette initiative, présentée dans cet article, a pour objectifs, d'une part, d'informer le consommateur sur l'impact environnemental de ce qu'il achète et, d'autre part, de relocaliser l'alimentation en soutenant et en maintenant des fermes à taille humaine, engagées dans des pratiques durables.
Un climat en plein bouleversement : Rapport d'activité 2021/2022 du FiBL
Jannick SCHERRER, Auteur ; Sofia BARTSCH, Auteur ; Deborah BIERI, Auteur ; ET AL., Auteur | FRICK (Ackerstrasse 113, Case Postale 219, CH-5070, SUISSE) : FIBL (Institut de recherche de l'agriculture biologique) | 2023Dans son rapport dactivité 2021/2022, le FiBL offre un aperçu des travaux menés sur lensemble de ses 6 sites (Suisse, Allemagne, France, Autriche, Hongrie et Europe). Un large éventail de projets sont présentés, de la promotion de la biodiversité dans les grandes cultures au potentiel des lentilles deau et à la durée de vie productive des vaches laitières suisses, en passant par un projet éducatif sur lalimentation durable en coopération avec un établissement scolaire, ainsi que des mesures pour améliorer lagriculture et lélevage dans la région du Sahel. Les projets abordent aussi le changement climatique, le sol, le microbiome, les alternatives au cuivre, les bandes fleuries, les semences, le pâturage des vergers, la réduction des produits vétérinaires, la sélection dune nouvelle race de porc bio suisse
Combining beef cattle and sheep in an organic system. II. Benefits for economic and environmental performance
Marc BENOIT, Auteur ; Karine VAZEILLE, Auteur ; Sophie PRACHE, Auteur ; ET AL., AuteurAssocier plusieurs espèces animales optimise les performances dun système délevage. Dans cette étude, réalisée sur le site Herbipôle INRAE de Laqueuille (Puy-de-Dôme), les performances dun système mixte (MIX), associant des bovins et des ovins allaitants (avec un rapport UGB bovins/ovins de 60/40), ont été comparées à celles de systèmes spécialisés en bovins viande (CAT) et en ovins viande (SH). Ces trois modalités ont été suivies durant 4 ans (2017-2020). Elles reposaient sur des systèmes herbagers daltitude, basés sur des prairies permanentes, et conduits en agriculture biologique. Le taux de chargement annuel était identique pour tous les systèmes. Les jeunes animaux ont été engraissés majoritairement avec des fourrages : au pâturage pour les agneaux ; au pâturage et en bâtiment (avec de lenrubannage) pour les jeunes bovins. Des conditions météorologiques anormalement sèches ont conduit à des achats de fourrages. Les performances de ces systèmes ont été comparées via des indicateurs techniques, économiques (dépenses, marges, revenus ), environnementaux (émissions de gaz à effet de serre, consommation d'énergie), et en matière de concurrence feed-food. Les performances des ovins ont été meilleures dans MIX que dans SH : + 17,1 % de production de viande/UGB, - 17,8 % de concentré/UGB, + 10,0 % de marge brute, + 47,5 % de revenu, - 10,9 % démissions de GES, - 15,7 % de consommation d'énergie, et 47,2 % d'amélioration de la concurrence feed-food. Ces résultats sexpliquent à la fois par de meilleures performances animales et par une consommation de concentré plus faible dans MIX ; ce qui compense les surcoûts engendrés par lélevage mixte (notamment au niveau des clôtures). En revanche, aucune différence de performance na été enregistrée entre MIX et CAT. Malgré de bonnes performances zootechniques, les bovins ont eu des performances économiques médiocres en raison d'achats de fourrages et de difficultés à vendre les jeunes bovins (1215 mois) qui nétaient pas adaptés à la demande de la filière traditionnelle (croisés Salers-Angus).
Complémentarités des calendriers de vente des systèmes ovins viande biologiques herbagers et rustiques
Vincent BELLET, Auteur ; Marc BENOIT, Auteur ; Marie MIQUEL, Auteur ; ET AL., Auteur | PARIS CEDEX 12 (Maison Nationale des Éleveurs, 149 Rue de Bercy, 75 595, FRANCE) : INSTITUT DE L'ÉLEVAGE | 2023La consommation de viande ovine présente un caractère très saisonné, avec un pic important à Pâques (en mars ou en avril), puis souvent un second pic estival, avant un creux à lautomne et un rebond pour les fêtes de fin dannée. En agriculture biologique, la production est assez saisonnée. Dans les bassins herbagers (partie Nord et Nord-Ouest de la France), les agneaux dherbe naissent majoritairement au printemps et sont vendus à lautomne (alors que la demande est faible). Dans les bassins rustiques (partie Sud et Sud-Est de la France), les agnelages dautomne sont plus répandus avec lélevage de races rustiques qui se désaisonnent plus facilement (ces agneaux nés à lautomne sont élevés en bergerie et vendus au printemps). Le projet Casdar RéVABio (2020-2023) vise à améliorer le taux de commercialisation sous le label AB des agneaux élevés en bio (donc à éviter les « fuites » vers les filières conventionnelles lors de leur commercialisation), en travaillant sur une meilleure correspondance entre les périodes de production et de consommation. Plusieurs itinéraires de production ont été identifiés en bassin herbager et en bassin rustique pour améliorer cette adéquation offre-demande. Cette plaquette présente les calendriers des ventes induits par ces différents systèmes de production. Elle propose également quelques possibilités de complémentarités entre systèmes au sein dun même bassin, ou entre différents bassins, pour étaler la production et être en mesure de fournir des agneaux bio lors des pics de demande. Elle termine en évoquant les impacts de cette régularité de mise en marché sur les performances environnementales.
Dossier : Économies dénergies à la ferme
Cathy PICHON, Auteur ; Caroline CHAVRIER, Auteur ; Elodie JOUBREL, AuteurCe dossier regroupe différents retours dexpériences menées dans le Finistère autour de lempreinte bas-carbone et des économies dénergie en agriculture. Ainsi, la MAB 29 a participé au projet européen Cool Food Pro et a accompagné des sites de restauration collective vers un changement de pratiques pour lutter contre le gaspillage alimentaire et introduire davantage de produits bio, locaux et de saison. Un calculateur en ligne permet de mesurer, tous les mois, les gains positifs sur lenvironnement, suite à ces nouvelles pratiques. Le CHU de Brest et Jonas Le Gall (29), paysan meunier bio, témoignent. Un zoom est, ensuite, fait sur la réduction du paillage plastique en maraîchage, suite à des diagnostics Dialecte réalisés sur 9 fermes en bio, par le Gab 29. Plusieurs pratiques alternatives sont mises en avant (couverture à base de paillage végétal, binage ). Valériane et Niels, de la ferme des BAPA (29), font part de leur expérience. Pour faire face à lenvolée des prix du carburant, la FR CUMA de lOuest et Cléo (réseau dentreprises de Travaux Agricoles) proposent différents services pour accompagner les agriculteurs dans leurs économies de carburant. Plusieurs leviers existent (éco-conduite, adaptation de ses pratiques, adéquation entre la puissance du tracteur et les outils utilisés ). Pour finir, la question de la réduction des consommations délectricité en élevage laitier bio se pose. Différents leviers existent, en agissant notamment sur le refroidissement du lait (emplacement du tank, tank à eau glacée, pré-refroidissement ), le chauffage de leau sanitaire (dimensionnement adapté des ballons, isolation ) et le talon de consommation (repérage des appareils défectueux, vérification de la qualité du réseau électrique ).
Dossier : Pourquoi produire et manger bio ?
Claude AUBERT, AuteurLauteur fait le point sur les atouts des produits bio, à partir de différentes études comparatives. Les produits bio sont plus riches en nutriments (avec notamment des teneurs en antioxydants beaucoup plus élevées quen conventionnel. Pour les produits animaux aussi (lait, viande, ufs, poulets), les différences sont très nettement en faveur du bio, en particulier pour les teneurs en acides gras oméga 3. Ceci sexplique par une alimentation plus riche en herbe. Par ailleurs, le bien-être animal est un objectif important en agriculture biologique. Toutes les études confirment que les aliments bio contiennent beaucoup moins de résidus de pesticides que les conventionnels (180 fois moins !), beaucoup moins de cadmium et de nitrates. Enfin, ils ont, en général, moins de mycotoxines et n'ont pas dOGM. Lauteur rappelle que les techniques de transformation en bio sont également plus respectueuses (additifs moins nombreux, ingrédients peu ou pas raffinés ). Différentes études montrent des liens entre les pesticides et le développement de maladies. Ainsi, des corrélations existent entre lexposition maternelle à divers pesticides et lincidence de la leucémie chez lenfant. Des liens sont suspectés pour lautisme aussi. Lagriculture biologique permet de préserver lenvironnement, notamment en réduisant lempreinte carbone et en augmentant la séquestration de carbone dans le sol, mais aussi en préservant la qualité de lair et de leau, en permettant une plus grande biodiversité Bien que des méta-analyses montrent que les rendements en bio sont inférieurs de 19 % à ceux en conventionnel, cette différence samoindrit lorsque les systèmes font de bonnes rotations.
Elevage extensif à lherbe : des atouts sous-estimés
Claude AUBERT, AuteurDans cet article, lauteur indique que la neutralité carbone, pour lélevage extensif à lherbe, est possible dans certaines conditions (chargement, temps de séjour sur une parcelle, flore de la prairie, maximisation du pâturage ). Les émissions de méthane par les bovins sont en partie compensées par la séquestration de carbone dans les prairies, cette compensation étant généralement estimée à moins de 40 %. Lauteur montre quil peut être beaucoup plus élevé si lélevage est extensif et si la part dherbe dans la ration est très élevée. Par ailleurs, il estime que la méthode employée par l'Institut de l'Élevage surévalue les émissions de N2O pour les systèmes extensifs ayant des apports dazote organique. Les prairies arborées peuvent aussi augmenter la séquestration de carbone. Lauteur signale également les bénéfices apportés par une alimentation maximisant lherbe pour les consommateurs de produits laitiers ou carnés (plus grande richesse en nutriments). Pour lui, il serait intéressant de développer un label national garantissant une proportion dherbe (en majorité pâturée) importante dans lalimentation des ruminants. Pour l'auteur, lélevage extensif à lherbe est, en effet, une solution davenir, même si le cheptel bovin est encore trop élevé sur Terre.
Fiches références systèmes CAP'2ER - édition 2023
La démarche Ferme Laitière Bas Carbone a pour objectif de réduire de 20 % l'empreinte carbone des fermes laitières françaises entre 2015 et 2025. Pour ce faire, des diagnostics environnementux ont été réalisés, entre 2013 et 2021, grâce à l'outil CAP'2ER® (diagnostic de niveau 2). Au total, les émissions de gaz à effet de serre (GES) et les contributions positives (ex : stockage de carbone, maintien de la biodiversité ) de 8 324 élevages laitiers ont été quantifiées. Ces diagnostics ont permis de réaliser des états des lieux diffusés sous forme de fiches signalétiques. Ces fiches offrent ainsi un état des lieux global, à partir des données de toutes les fermes diagnostiquées (fiche « Résultat système national »), et six états des lieux par typologie dexploitations : 1 - les fermes en agriculture biologique ; 2 les systèmes herbagers situés en plaine ; 3 - les systèmes reposant sur du maïs en plaine ; 4 les systèmes combinant herbe et maïs en plaine ; 5 - les systèmes herbagers en zone de montagne ; 6 - les systèmes combinant herbe et maïs en zone de montagne. Ces différentes fiches sont toutes construites de la même manière : le recto présente les principales caractéristiques des exploitations diagnostiquées, leurs émissions brutes de GES, leur stockage de carbone, leur contribution au maintien de la biodiversité et leur performance nourricière ; le verso se focalise sur les ateliers laitiers de ces exploitations, en apportant des données chiffrées plus détaillées sur leurs résultats techniques et environnementaux.
Frédéric Chaudière, président de lAOC Ventoux
Frédérique ROSE, AuteurFrédéric Chaudière gère, avec son frère, le Château Pesquié, un domaine viticole familial 100 % bio de 95 ha, situé dans lAOC Ventoux. En juillet 2020, il a été élu président de cette appellation. Cette aire dappellation regroupe 56 000 ha de vignes, répartis sur 50 communes du département du Vaucluse. 15 % des surfaces sont actuellement cultivées en bio. Dans cet interview, Frédéric Chaudière explique que léquipe AOC Ventoux sest lancée dans des démarches dengagement environnemental à l'horizon 2030. Cette aventure a débuté en 2020, avecune grande consultation auprès des acteurs de lappellation, durant laquelle il leur a été demandé comment ils envisageaient lévolution du vignoble de lappellation dici 2030. Après plusieurs réunions de concertation, lAOC Ventoux incite tous les vignerons à rentrer dans une démarche de progrès, ainsi quà sinscrire dans la démarche 4 pour 1000, tout en réduisant leurs émissions de gaz à effet de serre de 30 %. Lappellation souhaite aussi protéger le vivant (faune et flore) et veut, pour cela, tripler les surfaces enherbées. Un forum sur cette thématique, organisé en février 2022, a regroupé une centaine de participants. Un stagiaire doit aussi faire un inventaire des pratiques liées aux couverts végétaux, puis essayer de développer un réseau local de production de semences destinées aux couverts végétaux. Par ailleurs, une chargée de mission climat a été embauchée, afin de réaliser des inventaires de biodiversité et de sensibiliser les vignerons à ce sujet.
A large share of climate impacts of beef and dairy can be attributed to ecosystem services other than food production
K. VON GREYERZ, Auteur ; P. TIDAKER, Auteur ; E. RÖÖS, Auteur ; ET AL., AuteurLélevage de ruminants fournit des aliments riches en protéines, mais avec un coût environnemental (notamment la production de gaz à effet de serre). Cependant, de nombreux systèmes délevage de ruminants sont multifonctionnels et fournissent des services écosystémiques (SE) autres que la fourniture directe d'aliments. Pour quantifier l'impact climatique de la viande bovine et du lait de vache, une analyse du cycle de vie (ACV) est souvent menée uniquement sur la production daliments. Les autres SE fournis (SE non productifs) sont ignorés, ce qui amoindrit les contributions positives associées à lélevage de ruminants. Il est néanmoins possible dinclure ces SE non productifs dans les ACV par le biais d'une allocation économique, en se basant sur des paiements compensatoires (indicateur de la valeur économique des SE non productifs). Toutefois, les liens entre les différents régimes de paiement, les SE et la production animale ne sont pas toujours évidents (il peut être difficile de déterminer les régimes de paiement à prendre en compte ou non). Cette étude a examiné comment la prise en compte des SE non productifs dans la quantification de l'impact climatique de la viande bovine et du lait de vache dans les exploitations agricoles suédoises était affectée par les différentes manières de coupler les SE à la production par le biais des régimes de paiement. L'impact climatique lié à la production de viande et de lait a ainsi été réparti sur les autres SE auxquels lélevage de ruminants contribue. Cela a abouti à ce que respectivement 1 à 48 % et 11 à 31 % des impacts climatiques de la viande et du lait soient attribués à dautres SE, plutôt quà la production daliments (part variable selon les systèmes de paiement pris en compte). Même si les émissions de gaz à effet de serre ne disparaissent pas, limpact climatique corrigé peut être utile dans le cadre de la communication auprès des consommateurs ou dans la prise de décision.
Microferme, maraîchage sous abri, maraîchage de plein champ : Performance environnementale de fermes maraîchères en agriculture biologique
Antonin PEPIN, Auteur ; Philippe JEANNERET, Auteur ; Kevin MOREL, Auteur ; ET AL., AuteurMicrofermes très diversifiées, production maraîchère spécialisée sous abri, maraîchage de plein champ , la production de légumes biologiques présente une grande diversité de systèmes de production et de pratiques. Quelles sont les performances environnementales de ces différents systèmes ? Celles de trois exploitations bio (une microferme en Bretagne, une ferme maraîchère spécialisée en cultures sous abri en PACA et une ferme en maraîchage de plein champ en Bretagne) ont été analysées avec la méthode de lanalyse du cycle de vie. Les impacts de ces fermes sur le changement climatique, la biodiversité et la consommation de terres, ainsi que leur utilisation de plastique ont aussi été calculés. Les résultats montrent que les principales sources dimpacts diffèrent selon les fermes, ce qui plaide pour une approche personnalisée dans lamélioration des pratiques. Aucune ferme ne ressort particulièrement meilleure pour lenvironnement vis-à-vis de tous les aspects étudiés. Par exemple, la ferme en maraîchage de plein champ a moins dimpact sur le climat, mais consomme plus despace par kilogramme de légumes produits. Plutôt que dopposer les modèles dexploitation, cette étude apporte des informations pour trouver le meilleur équilibre, sur un territoire, en fonction des priorités environnementales.
Organic farming offers promising mitigation potential in dairy systems without compromising economic performances
Mathieu LAMBOTTE, Auteur ; Stéphane DE CARA, Auteur ; Catherine BROCAS, Auteur ; ET AL., AuteurFace au manque de données claires (taille réduite des échantillons, omission des émissions liées à l'utilisation des terres ) comparant lempreinte carbone des produits alimentaires biologiques et celle des produits conventionnels, en particulier dans le secteur des produits laitiers, des chercheurs français ont souhaité combler cette lacune en mobilisant un ensemble de données de 3074 exploitations laitières françaises. En utilisant la pondération par score de propension, ils ont constaté que l'empreinte carbone du lait biologique est inférieure de 19 % à celle de son homologue conventionnel, sans tenir compte du changement indirect d'affectation des terres, et de 11 % avec des changements indirects d'affectation des terres. Dans les deux systèmes de production, la rentabilité des exploitations est similaire. Les chercheurs ont simulé les conséquences de l'objectif du Green deal de 25 % des terres agricoles consacrées à lagriculture biologique et ont montré que cette politique réduirait les émissions de gaz à effet de serre du secteur laitier français de 9,01 à 9,64 %.
Placer les prairies permanentes au cur d'une transition agroécologique européenne : résultats et enjeux découlant du scénario "Ten Years For Agroecology" (TYFA)
X. POUX, Auteur ; P-M. AUBERT, AuteurSi l'importance des prairies permanentes pour la conservation des habitats à haute valeur naturelle est souvent reconnue, leur rôle dans la plupart des principaux scénarios de systèmes alimentaires durables publiés ces dernières années est moins explicite. Dans le meilleur des cas, dans ces scénarios et dans les agendas politiques, le statut des prairies permanentes est leur conservation de principe. Dans le pire des cas, elles sont simplement remplacées par des terres boisées ou des terres cultivées, considérées comme une meilleure option lorsque l'accent est mis uniquement sur les émissions de gaz à effet de serre (GES). Cet article défend l'idée que plusieurs interprétations des impacts positifs et négatifs des ruminants (qui sont les utilisateurs « naturels » des prairies permanentes) ont été erronées dans ces scénarios, ce qui explique pourquoi les prairies permanentes et les ruminants sont mal pris en compte. Sur la base des résultats d'un scénario agroécologique pour l'Europe (TYFA - Ten Years For Agroecology), dans lequel les prairies permanentes extensives et les ruminants jouent ensemble un rôle important dans la conservation de la biodiversité, le cycle de l'azote, ainsi que dans l'atténuation et l'adaptation au changement climatique, un programme de recherche est envisagé, qui permettrait de mieux informer sur le rôle spécifique des prairies permanentes et des ruminants dans la fourniture de services écosystémiques, et plus particulièrement dans la gestion de l'azote.